Burn out : gare à l’épuisement professionnel !
Le burn-out professionnel est considéré comme le mal du siècle. Malgré ce constat, et après ces deux années de Covid, 2,5 millions d’individus sont déclarés en burn-out sévère en France. Ces 2,5 millions de personnes, c’est l’équivalent de la population de Paris avec celle de Nantes. TOUTE la population de ces deux villes ! 😨
Emmanuelle WYART vient de sortir un livre qui s’intitule “Burn Out – Ce n’est pas de votre faute… mais c’est peut-être votre chance”. Elle le décrit comme le premier livre positif sur le sujet.
Et je partage son avis 🙌
Que mettons-nous derrière le mot « burn out professionnel » ?
C’est le docteur Herbert Freudenberger qui fut le premier, dans les années 1970, à décrire son propre état d’épuisement professionnel en utilisant les mots « burn out ».
👉 Il le définit ainsi : « Un épuisement des ressources internes de l’individu et la diminution de son énergie, de sa vitalité et de sa capacité à fonctionner, qui résultent d’un effort soutenu déployé par cet individu pour atteindre un but irréalisable, et ce, en contexte de travail plus particulièrement des professions d’aide. »
Aujourd’hui, de nombreuses définitions existent sans pour autant faire l’unanimité auprès des professionnels de santé. Certains mettront l’accent sur un état d’épuisement des ressources internes, ****quand d’autres y verront une incapacité d’adaptation au stress émanant de l’individu ou conséquence de l’organisation du travail. Aucune de ces définitions n’est erronée. Elles sont juste incomplètes 😅
Emmanuelle Wyart, elle, évoque deux notions-clés qui ne sont pas questionnées dans ces définitions :
- La notion d’équilibre souffrance-plaisir développée par Christophe Dejours. Cette notion nous indique que si la souffrance qu’incombe le travail fourni est ressentie comme supérieure au plaisir de la reconnaissance, alors la machine tombe en panne 😶
- La notion de rupture d’équilibre qui conduit à une faillite physique et psychique.
Voici sa tentative de définition du burn out qu’elle qualifie d’ailleurs de « décompensation professionnelle » :
Syndrome d’épuisement psychologique, cognitif et physique dont les prémices peuvent s’étendre de quelques mois à quelques années, en réaction à un investissement professionnel illimité réalisé dans un stress chronique, et dont le paroxysme – souvent déclenché par un conflit éthique, une coupure brutale de la reconnaissance ou une maltraitance professionnelle – provoque une décompensation de l’individu amenant à un effondrement psychique et physique pouvant conduire à des troubles de longue durée.
👉 Et ma définition à moi du burn out : une longue et certaine descente en enfer. Plus imagée, je te le concède.
Maintenant que l’on sait ce qui se cache derrière le mot burn out. La question qui me vient est celle-ci : comment peut-on arriver à 2,5 millions de salariés en état de burn out sévère après cette longue période de crise sanitaire 🤔
Pourquoi le burn out met tant de temps à être détecté ?
Comme toujours les raisons sont multiples :
- Pas moins de 130 symptômes sont répertoriés, allant du déni de surmenage, perte de rigueur, négligences, trouble de l’attention, migraines ou encore atteintes gastriques, ulcères… D’où la difficulté de poser un diagnostic clair et précoce !
- Un défaut criant de formation et de sensibilisation du personnel de santé au burn out professionnel, dû au manque de reconnaissance de cette maladie professionnelle.
- Plusieurs outils de diagnostic du burn out existent mais aucun ne bénéficie d’un véritable consensus médical. Avec les avancées sur le sujet, il s’avère que les tests sont incomplets et ne questionnent pas la dimension cognitive et la dimension somatique.
Quelles sont les différentes étapes du burn out ?
Dans son livre, Emmanuelle WYART nous explique, de par sa pratique et de ses recherches, avoir mis en évidence 4 phases bien distinctes :
1️⃣ Les prémices ;
2️⃣ Le pré-burn out ;
3️⃣ Le burn-out ;
4️⃣ La guérison puis consolidation ou la rechute.
Les prémices du burn out professionnel
4 étapes précèdent l’état d’épuisement professionnel propre au burn out :
- Le surfonctionnement : se donner à fond sur une période que l’on croit de courte durée. Malgré les premiers problèmes de sommeil et une diminution du plaisir lié au travail, on redouble d’efforts pour garder le rythme. Jamais on ne remettra en cause l’organisation du travail. C’est évident : “on n’est pas assez bien !”. C’est ironique bien entendu 😅
- La saturation : après avoir tiré trop longtemps sur la corde, le physique et le psychologique commence à s’épuiser. Des difficultés de concentration et de mémorisation apparaissent. Tu as du mal à contrôler tes émotions. Tu es plus irritable et tes émotions te dépassent. Je le dis souvent : le corps nous envoie les « maux » que nous n’avons pas su mettre en « mots ». Le corps est notre allié mais trop souvent ignoré 😬
- L’échec des mécanismes de compensation et de défense : comme tu as cette capacité de résistance sur une longue durée, tu t’appuies sur les stratégies que tu as mises en place pour compenser jusqu’au moment où tes capacités physiques et cognitives s’effondrent. Un sentiment d’incompétences s’installe et l’engrenage est en place. Ben oui, malgré tout ce que tu fais pour pallier cette surcharge de travail du à cette superbe ignorance de tes supérieurs quant à tes alertes, c’est toi qui culpabilises. C’est toi qui dois en faire plus, c’est ta faute si tu es mal organisée, c’est de ta faute si tu n’arrives pas à atteindre tes objectifs. Alors que non, rien de tout cela n’est ta faute. Je te l’assure 👌
- Le repli sur soi : cette phase est particulièrement dangereuse puisqu’elle t’isole. Toutes tes ressources sont au strict minimum, le reste est relégué au second plan comme ta santé, la famille, les amis…
La période qui précède le burn out
Cette phase est synonyme de surchauffe. La descente en enfer commence réellement. Tu es dans le déni. Comment, toi qui te donnes à 2000 %, pourrais-tu avoir un genou à terre !? Ce n’est pas toi ça 👀
Ton corps t’envoie des signaux de plus en plus forts mais tu ne les entends pas. Ce n’est pas grave, pour l’instant il tient encore. Tu n’entends pas les poussées d’acné ou d’eczéma. Tu n’entends pas les problèmes ORL ou encore les infections urinaires 🚨
En revanche, tu vas chercher des solutions pour gérer ton stress ou simplement trouver le sommeil à travers les médicaments, les vitamines et autres. Durant cette période, la consommation de tabac et /ou d’alcool ou drogue peuvent s’accélérer comme une échappatoire.
Le déclenchement d’un burn out avéré ou le point de bascule est cette goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et là, plus aucune barrière ne retient ce qui a été trop longtemps refoulé. Le corps peut s’effondrer : malaise, paralysie, évanouissement. Pour ma part, mes jambes ne me tenaient plus. Je me suis laissée glisser jusqu’au sol et j’ai pleuré à n’en plus finir…
Une impulsion violente et soudaine – un raptus – peut t’amener à commettre un acte grave – seul moyen à ce moment-là pour mettre fin à la souffrance. D’autres raptus ont été observés comme le raptus anxieux où tu peux être amenée à vivre une attaque de panique, ou encore un raptus d’agressivité où la colère libère ta parole (ou des gestes) pour se déverser sur ceux qui trop longtemps t’ont malmenée.
Le burn out et ses symptômes
Ça y est, ta santé physique, émotionnelle, psychique s’est effondrée. Tu n’es plus que l’ombre de toi-même. Le médecin, quand il est consulté, doit appliquer plusieurs mesures conservatoires comme un retrait complet du contexte du travail ainsi qu’un évitement total du stress d’origine professionnelle.
👉 Ta priorité est de restaurer tes fonctions vitales comme manger et dormir. De toute façon tu ne pourras pas faire grand-chose de plus. Toi qui n’as pas l’habitude de prendre soin de toi, c’est une première qui va durer entre quelques mois à quelques années pour les burn out les plus sévères.
👉 Sans oublier ta confiance en toi qui a été largement piétinée. Comment se projeter dans une reprise alors tu te sens une incapable. Eh bien tu ne peux pas ! Le travail de guérison sera primordial pour y remédier.
Après le burn out : la guérison et la consolidation
Cette pause dans ta vie est propice à la réflexion et aux prises de décision. Avec le retour de ton énergie, d’abord timide et limitée, tu vas rechercher le plaisir dans tes activités – très souvent manuelle. En te mettant à la céramique 🫖, en plantant des bulbes dans ton petit carré de terre 🌱 ou encore en te mettant à repeindre la totalité de tes volets 🎨, tu cherches le concret, le tangible, une certaine satisfaction dans la réalisation de ses mains.
Mais gare à la rechute qui peut se produire durant la période de consolidation. Reprendre le chemin du travail un peu trop vite, ne pas prendre au sérieux ton burn out et continuer comme avant sont autant de risques à la rechute.
💪 La consolidation est une phase centrale et nécessite un travail sur soi en profondeur afin d’atteindre la restauration d’une écologie personnelle et l’établissement d’une nouvelle identité professionnelle responsable.
Ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que le burn out n’est pas seulement professionnel. C’est ta vie dans tous ses aspects qui est touchée. Alors, n’attends pas de sérieux symptômes pour prendre les bonnes décisions. Reste toujours à l’écoute de ton corps et de ton mental 💭
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